Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a prononcé la dissolution de l'Assemblée nationale ce 12 septembre mettant fin à des mois de bras de fer entre l'exécutif et le législatif depuis sa prise de pouvoir. Cette dissolution ouvre la voie à des législatives anticipées qui peuvent créer des surprises. Nous vous proposons ici la partie 2 de notre analyse.
Quelle offre politique ?
L'objectif pour le président Faye est de disposer d'une majorité à l'Assemblée nationale afin de pouvoir déployer sa politique. Cependant depuis sa prise du pouvoir, l'opinion tarde à voir la concrétisation de ses promesses. Les plus avisés comprendront que cela est dû au bras de fer avec l'Assemblée nationale, mais combien sont-ils dans l'électorat sénégalais à comprendre une telle situation et encore accorder leur confiance au président Faye à travers ses candidats aux législatives ? Depuis son arrivée au pouvoir en début avril, la côte de popularité du président Faye et de son premier ministre Sonko est en baisse, puisque pour l'électeur sénégalais, la promesse de rupture avec la politique de Macky Sall se fait attendre. De plus, ses visites en Europe ont eu lieu en France, pays largement décrié dans une grande partie de la jeunesse africaine francophone. Pourra-t-il conserver la même affluence autour de ses listes que celle vécu lors de la présidentielle ?
Que risque ou gagne l'exécutif ?
Ces législatives anticipées peuvent être l'opportunité rêvée pour le président Faye d'obtenir la majorité à l'Assemblée pour mettre en œuvre ses promesses de campagne, comme souligné dans son adresse à la nation. Une victoire aux législatives permettrait de limiter les oppositions aux projets de loi que le gouvernement transmettra à l'Assemblée afin d'obtenir la bénédiction des députés pour opérer réellement la rupture. Un élément fort qui milite en faveur de l'exécutif est le peu de temps passé. Malgré les critiques, les retards dans la mise en œuvre des promesses de campagne peuvent s'expliquer par le bras de fer auquel le président vient de mettre fin. Les législatives seront donc l'occasion pour les électeurs sénégalais de réaffirmer leur confiance au duo Faye/Sonko et au Pastef. Une victoire à ces élections serait l'achèvement de la longue bataille contre le système de Macky Sall depuis les émeutes de 2021.
Cependant un échec serait dramatique pour l'exécutif. Ces législatives sont un véritable risque que prend l'exécutif. Bien avant la dissolution de l'Assemblée nationale, l'opposition sénégalaise a entamé une réorganisation interne avec l'éclatement de la coalition Benno Bokk Yakaar et des démarches engagées Amadou Bâ, pour créer son parti politique. Candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar, Amadou Bâ est arrivé deuxième derrière Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle de mars dernier. Un échec vu par certains observateurs, non comme une puissance de Bassirou Diomaye Faye, mais plutôt comme un rejet de la politique de Macky Sall. Se démarquant de Macky Sall, Amadou Bâ pourra-t-il maintenant attirer l'électorat à ces législatives ?
Quoi qu'il en soit, si les candidats du président Faye n'ont pas la majorité, le Sénégal risque de vivre l'un de ses mandats présidentiels les plus difficiles, car il s'agira d'un retour à la vase départ avec un exécutif et une assemblée rivaux pour diriger un même pays. Le risque est aussi énorme que l'opportunité avec cette dissolution de l'Assemblée nationale.
Avec la fixation de la date des législatives anticipées au 17 novembre, les candidats disposent seulement de deux mois pour se faire élire et relancer le Sénégal. De l'avis du Conseil Constitutionnel, l'on pourra se passer des parrainages pour ces législatives, car l'obtention des parrainages démarre selon les textes à 85 jours de la date du scrutin, une disposition impossible à appliquer dans le cas actuel.
Dr. Yawovi Guillaume HOR