Les attaques de ce 17 septembre à Bamako continuent de susciter beaucoup de réactions, tant des acteurs politiques, que de l'opinion. Dans un entretien accordé à France 24, l'ancien ministre malien Tiéman Hubert Coulibaly a appelé les militaires à des discussions avec les terroristes.
Reçu dans l'émission "En tête à tête", cet ancien ministre malien des affaires étrangères, qui a également occupé entre autres le portefeuille de la défense, partage son analyse de la situation que traverse son pays. L'ancien ministre défend une position tout à fait contraire à celle des militaires au pouvoir.
Abandonner le tout militaire pour le dialogue
Tiéman Hubert Coulibaly estime que"les responsables maliens et toutes les bonnes volontés doivent aujourd'hui réfléchir à comment rapidement sortir de cette guerre". Et pour lui, la solution est moins une solution militaire que politique. De l'avis de M. Coulibaly, la solution militaire n'est pas une solution qui conduira à la paix. "l y a rarement de vainqueur dans ce genre de conflits, mais il y a toujours un perdant ; ce sont les peuples qui perdent", soutient-il. Pour cela, il préconise un dialogue entre les groupes armés du nord et les terroristes Maliens afin de trouver une solution malienne à la guerre. "Tous les groupes armés présents sur notre territoire, pour peu que ce soit des Maliens, nous devons pouvoir discuter avec eux", déclare-t-il.
Deux lectures opposées de la même situation
La position défendue par l'ancien ministre malien Tiéman Hubert Coulibaly est également celle soutenue par l'ancien ministre burkinabè Djibril Bassolé. L'ancien chef de la diplomatie burkinabè sous Blaise Compaoré estime également que la solution à cette crise sécuritaire est la négociation. Cependant, si les deux anciens ministres, ainsi que bien d'autres, prônent une solution politico-diplomatique, les militaires au pouvoir dans leurs pays optent pour une solution plutôt militaire. Depuis les coups d'État qui les ont portés au pouvoir, le Colonel Assimi Goïta et le Capitaine Ibrahim Traoré ont fait de la lutte contre le terrorisme et le besoin impératif de sécurisation de leurs pays, la raison principale de leur gouvernance. Ces derniers ont mis un accent particulier sur l'achat d'équipements militaires et ont intensifié l'offensive militaire contre les agresseurs, sans distinction, avec quelques victoires à leur actif.
La montée en puissance des armées nationales a permis d'engranger de victoires significatives sur les groupes armés mais du travail reste à faire car les attaques terroristes continuent dans ces pays. Dans un tel contexte, certaines questions méritent d'être posées. Le tout militaire est-il vraiment la solution avec toutes les victimes civiles dénombrées ? Et si le dialogue était la meilleure solution, pourquoi n'a-t-il pas permis de stabiliser le Mali malgré les initiatives du président Ibrahim Boubacar Keita allant dans ce sens ?
YGH