La CNDH mobilise la chaîne pénale pour lutter contre la torture et les traitements inhumains dans les lieux de détention
La Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) a organisé vendredi à son siège à Lomé une rencontre stratégique réunissant les acteurs de la chaîne pénale togolaise. L’initiative s’inscrit dans le cadre de la commémoration de la journée africaine de la détention préventive. Elle vise à élaborer des solutions concrètes pour prévenir la torture et améliorer les conditions de détention au Togo.
Chargée de la surveillance des lieux de privation de liberté, la CNDH joue un rôle central dans la lutte contre les pratiques inhumaines ou dégradantes.
« Il ne s’agit pas seulement de repérer les cas de torture, mais aussi de prévenir les mauvais traitements, qui sont malheureusement fréquents dans le système carcéral », a souligné Gnambi Garba Kodjo, 2è vice-président de la CNDH.
L’activité est dénommée rencontre d’échanges entre le Mécanisme de prévention de la torture, les magistrats, les officiers de police judiciaire, les surveillants de l’administration pénitentiaire et les greffiers des prisons sur la détention préventive au Togo. Elle a permis à la CNDH de mettre en lumière un problème souvent négligé : la perception sociale élevée de la peur liée à l’univers carcéral.
« Il existe une peur cancérale généralisée, une perception mentale pesante qui aggrave les conditions de détention », a expliqué M. Kodjo.
Pour y remédier, des stratégies ont été partagées afin de déconstruire cette perception et promouvoir des conditions de détention plus humaines. Contrairement à ce que certains pourraient penser, il ne s’agissait pas d’une simple mise à niveau ou d’une formation classique.
« C’est un échange. Tout le monde ici est conscient du poids de la détention préventive et de ses conséquences sur la surpopulation carcérale », a précisé un intervenant.
En effet, la détention préventive abusive est reconnue comme l’un des facteurs aggravants de la situation carcérale actuelle au Togo.
Selon le rapport d’activités CNDH 2024, au Togo, le taux de détention préventive est estimé à 60%. Ceci constitue une anomalie au regard des principes de présomption d’innocence et de la nécessité d’un procès équitable dans un délai raisonnable.
La CNDH appelle ainsi à une responsabilisation accrue des différents maillons de la justice pénale – magistrats, policiers, gendarmes, gardiens de prison – pour garantir aux personnes privées de liberté des conditions dignes, respectueuses des droits humains fondamentaux.
Ce dialogue entre les acteurs judiciaires marque une étape importante vers une justice plus humaine, plus équitable et respectueuse de la dignité des détenus.