Selon ses prévisions budgétaires de 2025, la Cour pénale internationale (CPI) compte « supprimer sa présence physique à Abidjan au milieu de l'année 2025 ».
La CPI s’est installée en 2012 à Abidjan en Côte d’Ivoire pour « enquêter sur les crimes commis lors de la crise politico-militaire » entre 2002 et 2010. L'institution internationale s'était installée physiquement suite à la crise post-électorale de 2010-2011, qui avait fait plus de 3 000 morts dans le pays.
Dans le cadre de ces enquêtes, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et son ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé, ont été incarcérés pour crimes contre l’humanité, plusieurs années au centre de détention de la CPI à La Haye, avant d’être acquittés en 2019. Le camp rebelle de Alassane Ouattara, partie prenante de cette crise politico-militaire, n'a jamais été inquiétée par la CPI jusqu'à l'adoption de la loi d’amnistie de 2018 l'ayant blanchi. Or, une seule partie ne fait pas une guerre. C'est toujours deux parties au moins.
Pour rappel, Alassane Ouattara est devenu président la république contesté avec le soutien de l'armée française et des rebelles.
« Compte tenu de l'examen stratégique de certaines situations menées par le Greffe, de la fin du programme du Fonds au profit des victimes en faveur des victimes en Côte d'Ivoire et de la décision du Bureau du Procureur de mettre un terme à son enquête en Côte d'Ivoire au cours de l'année 2025, l'appui opérationnel limité requis ne justifie plus qu'une présence soit maintenue sur le terrain à Abidjan. Le Greffe compte donc supprimer sa présence physique à Abidjan au milieu de l'année 2025. Toute activité résiduelle en Côte d'Ivoire en 2025 sera appuyée depuis le siège et grâce à la présence réduite au Mali », a écrit la CPI, au paragraphe 790 de ses prévisions budgétaires 2025.
Le gouvernement s'est réjouit de ce départ programmé de la CPI de la terre ivoirienne à quelques mois des nouvelles élections. « Le Bureau de la CPI s’est installé ici avec l’accord du gouvernement ivoirien. S’il estime qu’il a fini sa mission et qu’il veut fermer son bureau, nous ne pouvons que nous en réjouir. Cela montre bien que nos juridictions nationales fonctionnent bien et ont pris la relève », a affirmé mercredi Amadou Coulibaly, le porte-parole du gouvernement ivoirien, lors d’une conférence de presse après le Conseil des ministres.
Quelques inquiétudes de la société civile ivoirienne
« La présence physique de ce bureau était, pour les organisations, la matérialisation de la poursuite des procédures ouvertes à l’issue de la crise post-électorale devant cette juridiction », s'inquiète Willy Neth, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (Lidho) dans un entretien accordé à Anadolu.
« Deuxièmement, c’est un mauvais signal en ce sens qu’avec la fin des procédures en Côte d’Ivoire avec la loi d’amnistie de 2018, on était en droit d’espérer que la présence de la CPI était pour nous source de réconfort et de certitude. Troisièmement, c’est un mauvais signal parce que nous nous rapprochons inexorablement de 2025, qui est une année électorale. Avec le contexte politique que nous observons, nous sommes en train de mettre en place les mêmes éléments qui ont concouru à la survenance de la crise en 2010-2011. Donc, la présence physique de la CPI en Côte d'Ivoire était pour nous un élément dissuasif par rapport aux acteurs politiques et même à tous les autres acteurs impliqués dans la mise en œuvre », s'inquiète toujours Willy Neth, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (Lidho).
WTH