AFRIQUE INTER

Ghana : On ne peut pas tourner le dos au Burkina Faso, selon Nana Akufo-Addo

Le président ghanéen Nana Akufo-Addo est-il en train d'opérer un virage à 180° sur les choix stratégiques du Burkina Faso, son voisin du nord ? C'est ce qui semble ressortir de ces propos lors d'une interview accordée à RFI en marge du 19e sommet de la francophonie en cours en France.

 

 

Nana Akufo-Addo semble ne plus être gêné par le choix stratégique du Burkina Faso dans la lutte contre le terrorisme. Le président ghanéen qui participe au sommet de la Francophonie se prononce une nouvelle fois sur l'actualité de la sous-région ouest-africaine. Pour le président dont le pays est désormais membre à part entière de l'Organisation Internationale de la Francophonie, la CEDEAO traverse une période difficile et l'on ne devrait pas se désintéresser de la décision du Mali, du Burkina et du Niger de sortir de l'organisation. Il reconsidère également sa position sur la présence de supplétifs russes au Burkina Faso.

 

Un départ qui inquiète toujours

Depuis l'annonce en fin janvier 2024 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, de leur départ de la CEDEAO, l'organisation a modéré son discours envers ces pays afin de les amener à reconsidérer leur position. La plupart des dirigeants qui, lors de précédentes rencontres ont haussé le ton face à ces pays, ont depuis l'annonce du leur départ changé de ton. Pour Nana Akufo-Addo, la décision de s’écarter de la CEDEAO est un choix regrettable. « Le Mali, le Niger, le Burkina Faso étaient membres fondateurs de la CEDEAO. Ils ont joué un rôle fondamental dans la construction de la CEDEAO. Alors leur décision de se retirer de l'organisation est une décision assez grave pour l'organisation », déclare-t-il. En ce qui concerne précisément le Burkina Faso avec lequel le Ghana partage plus de 600 km de frontière, le président ghanéen soutient qu' « on ne peut pas, aujourd'hui, tourner le dos au Burkina Faso pour dire qu'on s'en fout de ce qui se passe là-bas. Non ! On doit continuer à travailler et voir quelles sont les bases sur lesquelles on peut se rapprocher avec tous ces pays ».

 

Il y avait des supplétifs français avant

Alors qu'il s'était inquiété des choix stratégiques opérés par le Capitaine Ibrahim Traoré à sa prise du pouvoir, Nana Akufo-Addo semble ne plus être gêné par la présence russe au Burkina Faso. En décembre 2022, le président Ghanéen s'était inquiété de la situation en marge du sommet États-Unis - Afrique en déclarant : « Aujourd'hui, des mercenaires russes sont à notre frontière nord. Le Burkina Faso a conclu un arrangement pour employer des forces de Wagner et faire comme le Mali", et d'ajouter : « Avoir ces hommes qui opèrent à notre frontière est particulièrement préoccupant pour nous au Ghana ». Mais désormais, la situation ne semble plus déranger le président ghanéen qui revient sur la question en signalant désormais qu’« il y avait des supplétifs français avant, mais ça, c'est pas le problème. Le problème, c'est comment on peut nous réintégrer. C'est ça qui doit être notre objectif principal". Nana Akufo-Addo reste optimiste quant à la possibilité de réintégration de la CEDEAO par ces pays, aujourd'hui regroupés dans l'Alliance des États du Sahel (AES). 

 

Si les positions de la CEDEAO ont poussé ces trois pays à la porte, l'organisation continue de réclamer la libération sans condition du président nigérien déchu, Mohamed Bazoum, en détention depuis le coup d'État qui l'a renversé en juillet 2023. « On ne peut pas l'oublier », déclare le président Akufo-Addo qui poursuit : « On doit être solidaire avec Bazoum, on continue à insister sur sa libération sans condition ».

 

YGH