La situation politique au Cameroun est extrêmement tendue suite à la proclamation officielle des résultats de l'élection présidentielle du 12 octobre 2025 par le Conseil constitutionnel. Le président sortant, Paul Biya, 92 ans, a été déclaré vainqueur pour un huitième mandat consécutif avec 53,66 % des suffrages, selon les chiffres officiels. Cette annonce a immédiatement déclenché une vague de manifestations et d'émeutes dans plusieurs grandes villes du pays, témoignant d'une profonde crise de confiance dans le processus électoral.
L'OPPOSITION CRIE À LA « MASCARADE »
Le principal opposant, Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre et désormais leader du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), a catégoriquement rejeté ces résultats, les qualifiant de « mascarade ». Fort d'une mobilisation inédite, notamment auprès de la jeunesse, M. Tchiroma Bakary revendique la victoire sur la base de ses propres compilations de procès-verbaux de vote, affirmant avoir obtenu une large avance.
RÉPRESSIONS ET RÉACTIONS INTERNATIONALES
Les manifestations qui ont éclaté ont été le théâtre de violences, incluant pillages, vandalisme et émeutes. Le gouvernement camerounais a reconnu des morts dans les affrontements et a mis en cause des « groupuscules de jeunes séditieux ». En réponse à la montée des troubles, les autorités ont interdit les rassemblements publics et la circulation des mototaxis dans plusieurs villes pour tenter de contenir la colère populaire.
L'Union européenne (UE) a déploré la « répression violente » des manifestants, tandis qu'Amnesty International et Human Rights Watch ont dénoncé l'usage excessif de la force par les forces de sécurité et appelé à une enquête indépendante.
APPEL AU DIALOGUE
Face à l'escalade, des voix comme l'International Crisis Group (ICG) et l'UE appellent le président Biya à engager d'urgence une médiation nationale pour préserver la stabilité et promouvoir les valeurs démocratiques, soulignant que la légitimité de son nouveau mandat est « fragilisée ».
La stabilité du Cameroun, déjà éprouvée par le conflit séparatiste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, est aujourd'hui plus que jamais mise à l'épreuve par cette crise post-électorale majeure. Le pays est au bord de l'explosion, et l'issue des tensions dépendra des prochaines décisions des acteurs politiques clés et de la capacité du gouvernement à rétablir le calme sans aggraver les violences.
