Arrêté lundi par les services de renseignements français, Kemi Seba a été libéré par le parquet après 48 heures de garde à vue.

Au lendemain de cette arrestation “politique”, un communiqué de son organisation "Urgences Panafricanistes" est revenu sur les motifs de sa présence en territoire français. Selon ce document, Kémi Séba devrait rencontrer des opposants politiques béninois et visiter un proche souffrant à Paris. Il avait prévu entamer une tournée de sensibilisation des diasporas africaines sur la nécessité de soutenir et d’accompagner les processus souverainistes des peuples afro-descendants partout dans le monde, précisait le communiqué.

Même s'il était déchu de sa nationalité française en raison de ses opinions acerbes contre la politique néocoloniale française en Afrique, Kemi Seba n'a pas fait l'objet d'interdiction de territoire français.

Selon son avocat, Juan Branco qui a vivement dénoncé cette garde à vue, Kemi Seba était interrogé dans le cadre d’une enquête ouverte pour « intelligences avec une puissance étrangère (…) en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France » – une infraction criminelle passible de trente ans d’emprisonnement, a-t-il précisé à l’Agence France-Presse. Kemi Seba était également interrogé sur des soupçons d’« entretenir des intelligences avec une puissance étrangère (…) de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ». Une infraction passible de dix ans d’emprisonnement.

« Kemi Seba fait face à 30 ans de prison en France du fait de poursuites qui sont mises en œuvre à son encontre par l’Etat Français en représailles de son engagement contre le néocolonialisme et contre les abus que les régimes françafricains ont produit notamment en Afrique de l’Ouest », a déclaré Me Branco. Sa nationalité française lui avait été récemment retirée à cause de ses engagements politiques contre la France.

Tout en fustigeant l'arrestation de Kemi Seba par les services de renseignements français, l'avocat Juan Branco estime que son client est entrain de payer le prix de la défense des intérêts africains. “Kemi Seba est entrain de payer le prix de l'échec géopolitique de la France en Afrique et dans la diaspora”, a affirmé Me Juan Branco. "C'est irresponsable de la part de la France", a-t-il également avancé.

Kemi Seba libéré sans poursuites

N'ayant pas pu trouver des éléments pouvant garder Kemi Seba après 48 heures de garde à vue, le parquet a décidé de le libérer. Le professeur et activiste panafricaniste Franklin Nyamsi dans un live TikTok rappelle que, depuis 20 ans d'activisme politique de Kemi Seba, c'était sa quinzième arrestation dans le cadre de sa lutte contre le néocolonialisme français.

« Les investigations sur l’infraction d’ingérence étrangère se poursuivent dans le cadre de l’enquête préliminaire », a fait savoir le parquet de Paris après sa libération mercredi soir.

En effet, Kemi Seba est la figure de proue du panafricanisme de ces 20 dernières années. De part son intelligence, il avait compris la nécessité de susciter les débats relatifs aux questions de souveraineté globale africaine auprès des masses africaines et même au sein des élites dirigeantes. Il a été nommé en juillet dernier comme "conseillé spécial" du président du Niger, le général Abdourahamane Tiani. Il dispose dès lors d'un passeport diplomatique nigérien.

Kemi Seba, en toute transparence, n'a jamais manqué d'affirmer dans ses vidéos, conférences et dans ses livres qu'il prône des partenariats géostratégiques avec les pays du Sud global. Cette position géopolitique l'a fait naturellement rapprocher des nations anti-impérialistes partisanes d'un monde multipolaire. La France l'avait déjà accusé en mars 2024 d'être une menace à ses intérêts oligarchiques en Afrique. 

Et pourtant, la France n'a jamais cessé ses relations avec les nations du Sud global ni avec par exemple la Russie avec laquelle Kemi Seba discute de partenariats géostratégiques pour l'Afrique.

Dans les médias sociaux, les Africains dénonçaient déjà “une arrestation politique néocolonialiste” visant à faire taire toute critique contre la décriée politique française en Afrique. Ils ont exigé la “libération immédiate” de Kemi Seba et de son fidèle compagnon Hery Djehuty. Apres leur libération exigée, les médiaux s'enflamment pour célébrer Kemi Seba.

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