Depuis lundi et ce pour trois jours, la capitale togolaise est l’hôte d’un sommet crucial pour l’avenir économique du continent. La Conférence de l’Union africaine sur la dette, organisée en partenariat avec la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et la Banque africaine de développement (BAD), réunit chefs d’État, ministres des finances, économistes de renom et représentants de la société civile pour réfléchir à une gestion soutenable de la dette africaine dans un contexte post-pandémique marqué par de fortes tensions géopolitiques et climatiques.
Selon les chiffres présentés par la Commission de l’UA en ouverture, plus de 20 pays africains présentent aujourd’hui un ratio dette/PIB supérieur à 70 %, seuil jugé critique par le FMI. La pandémie de COVID-19, combinée aux effets des changements climatiques et à la flambée des prix des matières premières, a fragilisé davantage les équilibres budgétaires.
« Il ne s’agit pas seulement de dettes, mais de marges de manœuvre pour investir dans l’éducation, la santé, l’agriculture. Notre souveraineté dépend de notre capacité à gérer notre dette intelligemment », a déclaré le Président du Conseil du Togo, Faure Gnassingbé dans son discours d’ouverture, salué par de nombreuses délégations.
Trois jours de débats intenses
La conférence se tient du 12 au 14 mai 2025. Pendant trois jours, les discussions vont tourner autour d’un plaidoyer fort pour un réaménagement des dettes contractées auprès des créanciers privés. Plusieurs ministres africains ont dénoncé les taux d’intérêt prohibitifs et les clauses opaques de certains emprunts.
Le débat porte également sur la demande collective d’un mécanisme africain de renégociation des dettes souveraines, porté notamment par le Sénégal, le Rwanda et l’Éthiopie, ce mécanisme permettrait de traiter les cas d’endettement excessif sans attendre une crise de liquidité.
Il est question du financement vert comme solution d’avenir. De nombreuses interventions entendent insister sur le rôle des obligations vertes et des instruments de financement climatique pour restructurer la dette tout en finançant la transition écologique.
Pour cette conférence, le président ghanéen, John Dramani Mahama a fait le déplacement de Lomé alors que son homologue zambien, Hakainde Hichilema a adressé ses messages par visioconférence. Le premier a salué une conférence « stratégique », consacrée à un sujet devenu central pour les économies africaines. Le second a plaidé pour des réformes profondes afin de rendre les règles du jeu économique mondial plus équitables.
La présence remarquée de Patrick Ndzana Olomo, représentant le président de la Commission de l’Union africaine, illustre l’importance accordée à ce rendez-vous par l’organisation continentale.
Ce dernier a salué « l’engagement constant du Togo en faveur de la réforme financière », dans la continuité des précédentes initiatives togolaises sur la sécurité régionale et la stabilité économique.
Une déclaration finale ambitieuse
La conférence va être clôturée sur l’adoption de la Déclaration de Lomé sur la dette et le développement durable.
Le document devrait appeler à une réforme du système financier international, y compris des droits de vote au FMI, à une transparence accrue dans les contrats de dette et les flux financiers et à la création d’un Observatoire panafricain de la dette basé à Lomé, chargé de suivre et d’évaluer en temps réel la soutenabilité des dettes africaines.